ORIGIN, la mise en oeuvre
Historique du projet
Le projet ORIGIN est né en 2014 à l'initiative de Françoise Souchaud dans le cadre de sa structure Souchaudartproject. Une préfiguration a eu lieu à l'église de Theizé dans le Rhône en 2015 autour de quatre artistes : Alexandrine Guérin, Jean-Marc Paubel, Maurice Sage et Pierre Souchaud.
L'exposition ORIGIN, étoffée et forte des oeuvres de 14 artistes a été présentée en début 2016 aux galeries de la Tour dans le Vieux-Lyon.
Lors de cette exposition, contact avec Marie Bardisa, conservatrice de la grotte Chauvet qui nous suggère de présenter le projet à l'espace de restitution de la grotte Chauvet à Vallon Pont d'Arc (Grotte Chauvet 2), Ardèche.
Un dossier détaillé est alors adressé au directeur de la structure. Un premier contact a lieu sur place début mars 2016.
Un avant-projet de scénographie est alors établi et soumis à l'équipe de la caverne fin mars autour de 16 artistes et d'une soixantaine d'oeuvre sur 300 m2 de salle d'exposition.
Le 10 juin 2016 le dossier scénographique est validé.
A partir de la rentrée, le travail sur le projet s'enrichit avec des rencontres sur place entre artistes et médiateurs, le travail sur le catalogue...
Le concept artistique de l'exposition, la trame narrative et la maquette 3d de l'exposition sont stabilisés.
Les aménagements de la salle (structures et mobiliers) ont lieu en novembre, les oeuvres sont déposées sur place entre le 9 et le 12 décembre et la mise en scène et en oeuvre de l'exposition se déroule du 12 au 16 décembre.
L'exposition est inaugurée le 18 décembre.
ORIGIN, des artistes évoquent la matière est la première exposition temporaire présentée par la Caverne du Pont d'Arc
Commissaire d'exposition : Françoise Souchaud
Scénographie et concept artistique : Jean-Marc Paubel
Régie de l'exposition : Yann Guénard et l'équipe technique de la Caverne
Conception du catalogue : Sophie Lefèvre et Valérie Molès, services communication et culturel de la Caverne du Pont d'Arc
Avec la participation des médiateurs pour l'aspect pédagogique et l'organisation des animations autour de l'exposition.
La préparation du projet
La préparation du projet a consisté à développer, notamment, l'étude scénographique de l'exposition.
Cette étude consistait à poser le concept artistique et la trame narrative de l'exposition : partant de l'idée originelle du projet et des artistes sélectionnés par Françoise Souchaud, quels seraient les espaces de déambulation et de circulation, comment serait structurée la salle, quel serait le lien entre les différents espaces de l'exposition, quelle histoire l'exposition elle-même raconterait-elle, quel lien créerait -elle entre les oeuvres présentées et comment les mettrait-elle en valeur...
J'ai proposé le principe de trois espaces successifs non cloisonnés desservis par un couloir latéral de déambulation qui accompagne l'immersion du visiteur. Les ambiances lumineuse devaient évoluer selon chaque espace et lui donner son caractère propre.
L'espace et le volume de la salle ont été transformés par les mobiliers d'exposition créés pour l'occasion et les couleurs des parois.
La maquette 3D modélisée aux dimensions de la salle a été l'outil d'aide à la décision partagée. Elle m'a permis de composer l'exposition au fil des mois en intégrant les photographies de oeuvres au fur et à mesure de leur réalisation et de partager l'évolution de la scénographie avec Françoise Souchaud et les partenaires.
La préparation du projet a consisté également dans le travail sur les supports de communication, la réalisation du catalogue de l'exposition par l'équipe de la caverne, en lien avec Françoise Souchaud, la coordination des artistes, la planification et l'organisation du transport des oeuvres, les rencontres des artistes avec l'équipe de la Caverne et les échanges avec les médiateurs pour préparer l'accompagnement pédagogique de l'exposition...
La trame narrative de l'exposition
La scénographie est articulée autour de trois espaces reliés par un espace de déambulation qui immerge progressivement le visiteur :
Le premier espace, en lumière naturelle, intitulé "matières minérales, pariétales et vestiges" est une forme d'hommage contemporain à l'art pariétal et à la poésie des surfaces. Les artistes et les oeuvres, couplées, dialoguent entre elles : Maurice Sage et Guillaume Couffignal, Christine Fabre et Jean-Marc Paubel, Odile de Frayssinet et Dorothée Delornoir.
Le deuxième espace, intitulé "runes, rites sauvages et spiritualités abstraites" fait se confronter, dans une ambiance beaucoup plus sombre et théatralisée, les oeuvres fortes et chamaniques de Ghyslaine et Sylvain Staelens et de Paulette et Josef Ciesla, avec l'architecture spirituelle, astrale et colorée de Pierre Souchaud et les écritures et traces d'humanité d'Alexandrine Guérin.
Le troisième espace, intitulé "terres de mémoire" crée une ambiance intime et intérieure évoquant les cabinets de curiosités et est consacré aux oeuvres céramiques de Bénédicte Vallet et Isabelle Leclercq, aux photographies d'André Le Mauff, aux bas reliefs de Pierre Riba et à la sculpture textile de Mélanie Nitting ainsi qu'aux oeuvres de verre de Monique et Georges Stahl.
Le projet ORIGIN
est un projet d'une grande richesse car il ne s'agit pas que d'une simple exposition mais d'un vrai projet partagé qui s'intègre dans le site qui l'accueille et interagit avec lui.
Le dépot des oeuvres sur place
Le dépôt des oeuvres est toujours un moment émouvant et étonnant pour les observateurs. Une salle entière s'est remplie en l'espace de quelques jours de caisses, de sculptures emmitouflées... Sous le regard attentif des personnels de la caverne impatients de les découvrir dans l'espace de l'exposition.
La mise en oeuvre de la scénographie
Même si la scénographie a fait l'objet d'une étude détaillée et approfondie au fil des mois, en lien avec Françoise Souchaud, les artistes et l'équipe de la Caverne (Grotte Chauvet 2), les opérations de mise en oeuvre sur place lui donnent tout son sens.
Pour moi, la scénographie d'exposition est un exercice de création à part entière. Lorsqu'il porte sur du collectif, c'est un exercice exigeant car l'on est constamment confronté à des limites, il faut composer avec des contraintes multiples et de tous ordres. Et il faut toujours tenter de tirer de cette synthèse une narration, une composition dynamique et vivante. Par contre, c'est un exercice riche et intense car il demande beaucoup d'expérience dans la compréhension des espaces et du volume, dans l'écoute des personnes, des sensibilités et de la résonance des oeuvres. Il engage, comme l'acte de création, la libération d'un flot d'énergie et de tension dont la qualité de la mise en scène sera largement tributaire.
La mise en place de cette exposition a été, encore une fois, intense et source d'émotions puissantes et partagées.
L'accrochage de la sculpture textile
Le lundi 12 décembre, nous engageons les opérations d'accrochage par la suspension de la sculpture textile de Paulette et Josef Ciesla. Cette oeuvre volumineuse doit être suspendue par huit câbles au plafond. La suspension se fait en lien avec les artistes qui fournissent les indications concernant les équilibres et l'assemblage des trois morceaux de la sculpture.
L'impact dans le volume de cette oeuvre va me permettre d'optimiser les équilibres des deux dernières salles. Je l'utilise comme axe du second espace avec la peinture de Pierre Souchaud qui va créer l'ambiance lumineuse de cette salle.
Les oeuvres des Staelens vont finir de structurer le volume de cet espace par leur présence forte et haute en matières et en couleurs. Nous avons longuement travaillé le placement des sculptures afin que leur rapport à la sculpture textile soit harmonieux dans l'espace.
L'éclairage de cet espace était le plus complexe car il devait jouer fortement avec les contrastes et renforcer le caractère théatral des oeuvres et renforcer leur force et leur mystère.
Les deux axes du second espace
La sculpture textile qui structure l'espace par son volume et le tableau de Pierre Souchaud qui structure l'espace par l'ambiance colorée qu'il génére.
Mise en place des oeuvres dans le premier espace sous le regard intéressé et bienveillant du personnel
L'affinement
Un fois les accrochages les plus complexes réalisés, la mise en oeuvre fine et détaillée des oeuvres se met en place : accrochage minutieux des oeuvres murales, affinement du placement des mobiliers et des sculptures dans le volume... Le moindre détail, le moindre équilibre subtil devient plus important au fur et à mesure de l'avancée du placement des oeuvres.
Le réglage des éclairages et des ambiances lumineuses
Il vient modeler les espaces, révéler les ambiances et les oeuvres. Il s'agit d'un temps fort de la mise en oeuvre qui engage beaucoup d'énergie et finit d'installer le propos artistique de la mise en scène.
Après cinq jours
qui se terminent par la mise en place de la signalétique intérieure de l'exposition et le nettoyage, l'exposition est stabilisée et prête à recevoir le public.